Le premier maître d'école ayant exercé à Mussy
se nomme Antoine Odin. Il enseignait sur la commune en 1781, comme le
mentionne un acte de décès de sa femme, "Marie Thévenon, femme à sire Antoine
Odin, maître d'école en cette paroisse". On ne sait
pas combien de temps ni dans quelles conditions, il a enseigné
aux enfants de la commune. On retrouve ensuite la trace d'un instituteur
en 1801, sur un autre acte de décès. Il s'agit de Claude
Antoine Max qui est cité sur l'acte de décès de sa
fille. Entre 1825 et 1840 de nombreuses personnes vont exercer la profession
de maître d'école : une vieille demoiselle dont le nom a
été oublié, un nommé Vincent Baizet, puis
un nommé Jean-Claude Troncy. En fait, l'instruction a souvent été
dispensée par des personnes étrangères à la
commune, qui venaient du Dauphiné pour l'hiver, allaient
de maison en maison pour faire lire les enfants (c'était un travail
de répétiteur payé par les familles). Ils continueront
à enseigner, même après l'embauche d'un instituteur
en 1841. Cette pratique a disparu vers 1865. Jusqu'à la promulgation
de la loi Guizot en 1833, aucun diplôme ou brevet n'était
nécessaire pour enseigner. C'est d'ailleurs cette
loi Guizot sur l'instruction publique qui va pousser les communes
à mettre en place les conditions du développement de l'instruction
publique (construction d'une école et l'embauche d'enseignants).
A Mussy, huit années seront nécessaires pour rendre effective
la loi Guizot, ce qui est une situation classique pour de nombreuses communes
rurales.
Le
25 mai 1841, le Conseil municipal propose le recrutement d'un instituteur
communal au comité d'arrondissement de Charolles. Monsieur Louis
Antoine Chervet, né à Cours en 1813 et titulaire du brevet
de capacité pour l'instruction primaire est nommé en juillet
de la même année. En novembre, le Conseil municipal fixe
la rétribution scolaire que doivent acquitter les familles :
1 - pour les élèves apprenant à lire, un franc
par mois
2 - pour les élèves lisant et écrivant, un franc
cinquante
3 - pour les élèves apprenant en outre le calcul, deux
francs
4 - pour les élèves apprenant en outre la grammaire, deux
francs cinquante.
C'est l'instituteur qui était chargé de percevoir et gérer
cette contribution des familles. En 1850, Marie Bourlot qui était
institutrice privée sur la commune depuis 1845 est recrutée
comme institutrice communale. Ce recrutement était provisoire,
dans l'attente de l'arrivée de religieuses pour enseigner aux
filles du village. Dans le même temps, monsieur Chervet, instituteur
depuis 1841 ne plaisait plus, ni au maire de l'époque, ni aux
parents. On lui reprochait sa conduite "particulière" et la mauvaise
tenue de sa classe, de même que le mauvais encaissement des contributions
des familles. Certaines familles préféraient même
placer leurs enfants à l'école à Chauffailles ou
les garder à la maison plutôt que de les confier à
cet instituteur. En fait, monsieur Chervet, embauché sous le
règne de Louis Philippe a continué à enseigner
au moment de la seconde république (1848 à 1851). Monsieur
Chervet a rendu publiques ses idées républicaines. Après
le coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte le 2 décembre
1851, les républicains ne sont plus du tout appréciés.
On va faire payer à Louis Antoine Chervet ses idées républicaines.
Alors qu'il a une santé altérée et qu'il vient
de perdre l'une de ses filles morte de la rage, le Conseil municipal
décide, le 7 mai 1852, que deux frères d'un ordre religieux
remplaceront monsieur Chervet et demande l'expulsion de celui-ci de
la commune. L'objectif est que la jeunesse de la commune soit élevée
dans l'ordre et selon des principes chrétiens.
Le 23 septembre 1852, Noël Joseph Fenouillet et quatre autres frères
sont nommés à Mussy à la demande de la commune.
Ils ne resteront que deux ans. On demandera leur départ sur les
reproches suivants : ils étaient trop sévères et
ils maltraitaient les enfants (ils exigeaient sans doute trop d'ordre
!) et ils ne fraternisaient pas avec la population.
Le 12 novembre 1855, monsieur Claude Dravert est nommé instituteur
en remplacement des frères. Dès janvier 1856, le Conseil
municipal lui reproche de mal s'occuper de sa classe et de prononcer
des paroles grossières. On lui reproche aussi de demander l'abaissement
de la contribution des familles pour permettre à plus d'enfants
de suivre la classe.
Le Conseil municipal exprime aussi le voeu que des religieuses dirigent
la maison d'école des filles. Monsieur Dravert est remplacé
par monsieur Martin Rozet en janvier 1857, puis par Dominique Lagneau
le 15 avril. Le 20 octobre 1857, Lazarette Pernin, membre de la congrégation
des religieuses de l'enfant Jésus devient institutrice de l'école
des filles. Dominique Lagneau va cumuler les fonctions d'instituteur
et de secrétaire de mairie. Il va lui ausi être décrié
par une partie de la population. Alors que le Maire et une partie du
Conseil municipal le soutiennent et le remercient pour la qualité
de son travail, d'autres conseillers et des familles font circuler une
pétition contre lui. Dans le compte-rendu du Conseil municipal
du 11 octobre 1859, il est stipulé "que
depuis 1851, la commune de Mussy a eu des instituteurs (cinq frères
et cinq laïcs), qui ont tous quitté cette commune suite
à des dénonciations méchantes et de la malhonnêteté
de la part de personnes cherchant à bouleverser
la commune. Il est stipulé que cet état de chose ne fait
guère honneur à la commune". De guerre lasse, Dominique
Lagneau demande son départ un an plus tard. La tâche d'instituteur
n'était pas simple à Mussy, il y a un siècle et
demi.
Le 11 mars 1860, le Conseil municipal décide d'ouvrir une classe
au hameau d'Anglure, trop éloigné du bourg de Mussy et
nomme...
Bientôt la suite de cette histoire
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